Le geste apprivoise, la couleur advient.
Le geste dompte, la lumière naît.
Le geste canalise, l'énergie transperce.
Conjointement, et peut-être même en écho, à une carrière musicale, Caro commence à peindre à 24 ans en 2004 dans l’atelier de deux amis peintres formés à l’École d’Etampes. Depuis ce qu’elle appelle ce « coup de foudre », Caro « travaille d’arrache-pied à découvrir ce talent et à le façonner ».
Elle hérite d’une sensibilité familiale aux métiers d’artisanat de l’art, et d’un ancêtre sculpteur dans l’atelier de Rodin, mais pour elle, la peinture est un terrain vierge, où elle peut renaître à elle-même par le média du geste. Elle s’y sent plus libre qu’avec les mots, pour exprimer l’indicible. Sa main la guide à la rencontre d’elle-même, des autres et du monde. Main sur un piano, main sur un pinceau, Caro sonde le mystère, reste en prise avec le réel et offre sa touche d’artiste : l’émotion affleure dans les corps et dans les choses.
D’une toile à l’autre, elle révèle une autre façon de comprendre les questions existentielles dont les réponses philosophiques ne lui ont pas suffi. Sa propre bataille avec elle-même et avec sa vie, son « envie de lutter » à travers la matière picturale, les couleurs, donne au peintre un regard perçant sur les êtres. Ces autres auxquels Caro donne une voix, un chant ou un cri, lorsqu’elle les peint.
« Votre silence ne vous protège pas» postulait l’écrivain Audre Lorde en donnant la parole aux opprimés. Avec sa peinture, Caro Fleury fait tomber l’armure et les murs et souhaite donner la parole à cette part opprimée qui sommeille en chacun de nous.
Elle l’a traduit dans la fondation d’une association pour faire émerger les talents artistiques de jeunes de cité, où elle habite. Cette ouverture l’a conduite à s’intéresser au graphisme et à l’illustration, à collaborer avec une photographe, et à s’approcher de l’art de rue, celui qui se rend accessible à tous, rend possible la beauté pour tous. Cette démarche ne l’éloigne pas de la peinture, mais honore son besoin d’explorer tous les moyens d’aller vers les autres, quelle que soit leur culture.
“Le remède au mélancolique, c’est la musique et la beauté” disait Alfred de Musset.
La peinture demeure l’espace pour « vivre », « éclater », se transformer et trouver sa lumière. “Je peux être noire à l’intérieur, mais ma peinture ne l’est pas et cela touche, comme si certains le percevaient et que cela les consolait/rejoignait.” Caro a quelque chose à offrir.